Ghjurnate 2023 : I delegazioni
Catalunya
Pour cette 41e édition des Ghjurnate, Corsica Libera a l’honneur et le plaisir d’accueillir Laura Borràs. Actuellement Présidente de Junts, le parti du Président Carles Puigdemont, Laura Borràs a occupé dans un passé récent les fonctions de ministre de la culture de la Generalitat (2018-2019) et de Présidente du Parlement de Catalunya (2021-2022). Destituée de cette dernière fonction en 2022 dans le cadre d’un procès de nature politique orchestré par Madrid, Laura Borràs demeure une figure de premier plan du mouvement indépendantiste catalan. Aux lendemains des résultats des élections législatives espagnoles, son parti occupe désormais une place déterminante. En effet, en l’absence de majorité absolue obtenue par les coalitions de la gauche et de la droite espagnoles, les 7 élus de Junts détiennent, en grande partie, les clés de la constitution d’un nouveau gouvernement à Madrid. À cet égard, Junts a déclaré ne pas être disposé à investir pour un nouveau mandat le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez « sans contrepartie », déclarant faire prévaloir les intérêts de la Catalogne sur les enjeux de « gouvernabilité de l’Etat espagnol ». Aussi, Junts a énoncé clairement les contreparties conditionnant la formation du gouvernement Sanchez, à savoir la mise en oeuvre du droit à l’autodétermination du peuple catalan et l’amnistie, ce alors que la justice espagnole a réactivé le mandat d’arrêt international contre Carles Puigdemont. La nouvelle donne électorale en Espagne pourrait donc replacer la question nationale catalane au coeur de l’agenda politique dans les semaines à venir. Cette année encore, Conxita Bosch et Jordi Mirò, chevilles ouvrières de la solidarité corso-catalane, seront au rendez-vous des Ghjurnate au titre de leurs fonctions exécutives respectives au sein de l’Assemblera Nacional Catalana (ANC) et d’Estat Català, deux structures qui contribuent à maintenir un cap politique clair vers la plaine souveraienté.
Scotland
Pour la deuxième année consécutive, Neale Hanvey, député du parti indépendantiste Alba à Westminster (Parlement britannique), sera présent aux Ghjurnate. Il y fera état de l’évolution du combat mené par le peuple écossais sur le chemin de l’indépendance nationale. Après le Brexit, le sentiment indépendantiste écossais a connu une nouvelle hausse. Cela a conduit l’ancienne Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, à envisager la tenue d’un nouveau référendum d’autodétermination à l’horizon de l’automne 2023. Depuis lors, face aux blocages de Londres, le gouvernement écossais issu du Scottish National Party (SNP) a fait le choix de saisir la Cour Suprême britannique afin de l’interroger quant à la possibilité d’organiser un référendum d’autodétermination sur le fondement d’une loi votée par le Parlement écossais. Sans grande surprise, la Cour suprême britannique a estimé qu’une telle loi ne rentrait pas dans les attributions du Parlement d’Edimbourg et serait, par conséquent, inconstitutionnelle. À la suite de cette décision, le gouvernement écossais a déclaré qu’il respectait le jugement de la Cour et envisageait dorénavant de conférer un caractère plébiscitaire aux prochaines élections législatives écossaises en 2025. Le parti Alba a, pour sa part, poursuivi son combat pour l’obtention d’un nouveau vote d’autodétermination. Neale Hanvey a notamment présenté ces derniers mois un rapport rédigé par le Pr. Robert McCorquodale contestant la décision de la Cour Suprême du point de vue du droit international. Il a également déposé au Parlement de Westminster un projet de bill (loi) visant à transférer au Parlement écossais la compétence pour organiser un référendum d’autodétermination.
Tahiti
Tematai Le Gayic et Mereana Reid Arbelot représenteront le Tavini. Tous deux sont députés de leur pays à Paris. Tematai Le Gayic a été élu l’an passé, en juin 2022, lorsque pour la première fois le Tavini a remporté l’élection dans les trois circonscriptions du Fenua. Mereana Reid Arbelot était, à ce moment là, la suppléante de Moetai Brotherson, elle est devenue députée à la suite des dernières élections territoriales en Polynésie. En mai 2023, le Tavini a, en effet, remporté un succès historique en obtenant une majorité absolue des sièges à l’Assemblée de Polynésie. Suite à son élection en tant que Président de la Polynésie, Moetai Brotheron a exposé au Président de la République française « deux lignes ». La première se situe dans le cadre d’une possible révision constitutionnelle et concerne la reconnaissance de la « citoyenneté polynésienne » et de la compétence de la Polynésie en matière de relations internationales. À cette ligne de court terme, se superpose une ligne historique pour les indépendantistes polynésiens, à savoir « le processus de décolonisation et d’autodétermination que le Tavini réclame depuis plus particulièrement notre réinscription sur la liste des territoires à décoloniser de l’ONU en 2013 ».
Euskal Herria
Nikolas Blain, coordinateur général d’EH Bai (Ipparalde), portera la voix des partis abertzale du Nord et du Sud (EH Bildu). Ce sera l’occasion de faire état de la progression du mouvement abertzale confirmée par le succès du Congrès d’EH Bai auquel Corsica Libera a pris part, à Bayonne, en novembre dernier ainsi que les par les résultats électoraux historiques obtenus par EH Bildu au Sud lors des deux derniers scrutins de mai (municipales et provinciales) et juillet 2023 (législatives espagnoles) qui en font la première force politique nationale devant le PNV, électoralement hégémonique depuis des décennies. Argitxu Dufau fera également partie, cette année, de la délégation basque. Elle est la porte-parole au Nord de LAB, le syndicat abertzale des travailleurs, très présent dans les luttes quotidiennes et qui a développé depuis plusieurs années un projet global axé vers le progrès social, à travers notamment la revendication d’un « code du travail et d’une sécurité sociale basques ». À ce titre, elle prendra part à nos travaux sur le thème intitulé « consolider le volet social de la lutte de libération nationale ».
Guyane
Jean-Victor Castor, député indépendantiste du MDES, viendra faire état des initiatives prises depuis un an afin de faire progresser les droits du peuple guyanais, et plus largement le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Un après son élection à l’Assemblée nationale française, Jean-Victor Castor a en effet mené un mandat de combat en étant notamment très actif au soutien du combat du peuple guyanais pour la réappropriation de ses terres. Sur cette thématique, il a également organisé Le Ralliement international, un important rendez-vous des peuples sous domination française auquel Corsica Libera a pris part en novembre dernier. Par la constance de ses combats, il est l’illustration que l’on peut exercer un mandat électif, y compris à Paris, sans rien céder de ses convictions et de ses engagements.
Martinique
Cette année la Martinique fait son grand retour aux Ghjurnate par l’intermédiaire de Francis Carole. Il est le Président du PALIMA (Parti pour la Libération de la Martinique). Ancien conseiller exécutif de Martinique (2015-2021), il est actuellement conseiller territorial. Le Ralliement International organisé en Guyane en novembre 2022 a permis à Corsica Libera et au PALIMA de nouer de nouvelles relations politiques qui seront prolongées par cette nouvelle édition des Ghjurnate.
Kanaky
Mickael Forrest, ministre de Nouvelle-Calédonie et Aloisio Sako, membre du bureau politique du FLNKS porteront la voix de la lutte du peuple kanak et perpétueront les liens d’amitié et de solidarité avec le peuple corse. Ce compagnonnage ancien a d’ailleurs été à l’origine de la déclaration de Corti 2022 relative aux droits des peuples sous domination française, proposée par la délégation kanak et qui constitue désormais notre cadre d’action commun à l’international. Après l’organisation d’un pseudo-référendum d’autodétermination par la France en 2021 qui excluait de facto le peuple kanak, ces 41e Ghjurnate seront l’occasion de faire un point sur les perspectives de décolonisation. D’un côté, Emmanuel Macron et le gouvernement français reconnaissent comme légitime le « non » à l’indépendance de 2021 et considèrent qu’il clos pour plusieurs décennies le processus d’autodétermination. L’Etat français semble s’orienter vers une proposition de nouveau statut « dans la République » et un redéploiement stratégique de la France dans le cadre de sa politique Indo-Pacifique, au plan militaire comme économique. De l’autre côté, les indépendantistes continuent de contester le résultat de 2021. Ils militent pour la poursuite du processus d’autodétermination et revendiquent le maintien du gel du corps électoral. Face aux manoeuvres de l’Etat français, le FLNKS entend saisir la Cour Internationale de Justice (CIJ) afin qu’elle statue dans le sens d’une violation par la France du droit à l’autodétermination du peuple colonisé. Cette démarche nécessite que des Etats présentent une résolution devant l’Assemblée Générale de l’ONU et que celle-ci soit adoptée. À cet effet, la lutte kanak dispose de nombreux soutiens au sein des Pays du Fer de lance mélanésien et du Mouvement des non-alignés.
Sardinia
Les relations entre les mouvements indépendantistes corse et sarde sont extrêmement anciens. Ces dernières années, Corsica Libera et les organisations engagées dans le processus de dialogue « Est Ora ! » (iRS, ProgRes et Torra) ont voulu donner une autre dimension à ce partenariat en portant des initiatives communes. La campagne menée sur la question du coût des bases militaires en est une première illustration. Après la présentation commune de la démarche lors des dernières Ghjurnate, une conférence de presse commune a été organisée à Cagliari en février 2023 en présence de l’ensemble des présidents de groupes politiques de l’opposition au Conseil régional de Sardaigne afin de demander à l’exécutif sarde de mettre en application le vote des parlementaires demandant une étude indépendante sur le sujet. En Corse aussi, pour l’heure, le vote de l’Assemblée, à la demande de Corsica Libera, est resté sans suite. Le combat devra donc continuer. Simone Maulu pour iRS exposera l’actualité du combat indépendantiste sarde. Bustianu Cumpostu portera également la voix de Sardigna Natzione Indipendentzia.
Kurdistan
Après plusieurs années d’absence, la lutte du peuple kurde retrouvera une place sous le chapiteau des Ghjurnate. Berivan Firat, porte-parole du Conseil démocratique kurde en France s’exprimera sur la réalité d’une lutte de libération qui doit faire face, à la fois, à la négation de leurs droits et à la répression des Etats constitués, notamment en Turquie, mais également au défi terroriste face auquel les militants kurdes sont en première ligne que ce soit face à Daesh sur les lignes de front, où Berivan Firat perdit son fils, ou à Paris où le siège du CDKF a fait l’objet d’un attentat meurtrier en décembre 2022. Les militants présents aux Ghjurnate auront donc l’occasion de découvrir les différents aspects de ce combat.
Kabylie
Le MAK, mouvement du Président Ferhat Mehenni, récemment réélu à son poste pour un nouveau mandat, participe avec constance aux Ghjurnate depuis l’année 2009. Dans un contexte de très forte répression à son encontre, le MAK sera de nouveau présent à nos débats cette année par la voix de sa représentante en France Dihya Harouni et d’une forte délégation militante.