Tolérance zéro face à l’intégrisme
Le drame survenu il y a quelques jours à Paris a plongé de nombreuses familles dans le deuil, y compris en Corse. Nos premières pensées vont naturellement aux victimes et à leurs proches.
Cet événement de première ampleur interpelle tout un chacun et en particulier les responsables politiques, quel que soit le niveau institutionnel auquel ils se situent.
Pour notre part, nous avons comme à notre habitude décidé de donner publiquement notre position.
Une situation géopolitique qui n’est pas le fruit du hasard
Grande est la responsabilité des pays européens dans le chaos existant actuellement au Moyen-Orient. Leurs entreprises hasardeuses sont pour beaucoup dans la déstabilisation de cette région sensible du monde. L’intervention de la France en Libye constitue un exemple particulièrement éloquent de la démence caractérisant nombre d’initiatives occidentales.
Le développement fulgurant de l’Etat Islamique, dont on voit les conséquences dramatiques, n’a pas appelé les réponses adéquates. L’entêtement à parler d’un simple « groupe terroriste » ou d’un « prétendu Etat » en dit long sur le déni occidental. Comment ne pas voir qu’il s’agit d’un véritable Etat, bien que non reconnu juridiquement par la communauté internationale, puisqu’il dispose de tous les attributs de souveraineté : une armée (qui agit avec les moyens traditionnels mais également à travers des réseaux meurtriers qui interviennent loin de ses bases), un territoire gigantesque, une justice (absurde mais efficiente), une levée de l’impôt, une puissante économie, des exportations, et même, manifestement, une diplomatie… Comme l’Etat nazi, l’Etat islamique a sa cohérence juridique.
À la différence de l’Allemagne au moment où Hitler a pris le pouvoir, cet Etat est d’ores et déjà extrêmement riche… L’Europe doit enfin se réveiller, et définir une stratégie commune – de l’Atlantique à l’Oural – prenant en compte l’urgence absolue que constitue la destruction de cet Etat tant qu’il est encore temps, au lieu de tergiverser sur des questions sans doute réelles mais secondaires. Au-delà de l’Europe, il est indispensable de coaliser l’ensemble des forces se situant du côté de la civilisation pour arrêter les barbares du XXIe siècle.
La Corse face à ce danger : tolérance 0 pour l’intégrisme
Notre pays est concerné par cette guerre qui a commencé, et dont il faut avoir le courage de dire le nom. Il est même en première ligne du fait de sa situation géographique et de l’existence de la base de Solenzara sur l’activité de laquelle les élus corses n’ont jamais été consultés, même lorsqu’elle était utilisée pour effectuer des bombardements dont l’effet allait se révéler particulièrement désastreux. Les institutions corses doivent exiger d’avoir leur mot à dire sur la façon dont est utilisé ce morceau de leur territoire (avec, du reste, les risques que suppose un tel usage).
Autre élément à prendre en compte à l’heure où certains sèment la mort au nom de l’islam, la forte communauté musulmane ou de culture musulmane résidant dans l’île.
Il nous faut ici être très clairs : nous ne cautionnerons jamais la moindre confusion entre la communauté musulmane vivant en Corse et les dérives intégristes que l’on peut observer actuellement.
Sur la terre de Paoli, la tolérance religieuse ne saurait être remise en cause. En revanche, il nous faut être tout aussi clairs sur la question du fondamentalisme et de la radicalisation. En la matière, c’est la tolérance zéro qui doit prévaloir.
Or, des cas – et même des foyers – de radicalisation sont aujourd’hui avérés en Corse, et ce dans plusieurs régions. Les responsables de la police ont d’ailleurs eux-mêmes reconnu, hier sur les ondes de RCFM, que la Corse n’était pas indemne à cet égard. Les renseignements dont nous disposons de notre côté confirment cette réalité. Cela ne veut pas dire qu’il y ait aujourd’hui dans l’île des risques imminents d’attentats. À cet égard, il convient que chacun conserve son sang-froid. Par ailleurs les Corses doivent rejeter les attitudes globalisantes que certains groupes liés au Front National, ou travaillant indirectement pour ce parti français, cherchent à introduire chez nous.
En revanche, il est clair que les foyers de radicalisation présents dans l’île peuvent servir demain de base logistique aux déments qui ont frappé Paris. C’est la raison pour laquelle il n’est pas acceptable de voir prospérer ce type de démarches. Notre démographie relativement réduite et notre société de proximité – que l’on nous reproche parfois – permettent de repérer les cas de dérives plus facilement qu’en d’autres endroits d’Europe. Encore faut-il s’en préoccuper et agir, face à des faits qui sont aujourd’hui de notoriété publique : responsables radicalisés, pressions sur certains membres de la communauté marocaine pour leur imposer un mode de vie et une solidarité avec le courant fondamentaliste, introduction dans l’île du courant salafiste… Toutes choses qui ne sont pas acceptables et qui doivent être combattues sans faiblesse.
Front National : vote français, vote de la peur
À l’attention des Corses qui, désespérés par une l’actuelle situation, envisageraient de voter Front National, comme nombre de gendarmes et de CRS arrivés dans l’île, nous tenons à les prévenir : le vote Front national, c’est le vote de la peur, c’est le vote – honteux et secret – du beauf français terrorisé dans sa banlieue, mais c’est un vote qui n’apportera aucune sécurité à personne. Car les responsables de ce parti populiste n’ont aucune envie de régler les problèmes sociétaux actuels, mais au contraire de favoriser leur développement en Corse pour s’en servir à des fins électorales.
Par ailleurs, le vote Marine Le Pen, c’est le vote de l’anti-Corse : contre l’officialité de notre langue, contre le statut de résident, contre la corsisation des emplois, contre les patriotes corses assimilés à des « terroristes »… Notre nationalisme de libération se situe aux antipodes des idées véhiculées par ce parti. Voter Front National c’est trahir la Corse.
Au cours de son histoire, notre peuple, pour se défendre, n’a jamais eu besoin d’importer un parti étranger. Il a trouvé en lui-même les forces pour faire face au péril. Aujourd’hui, ces forces se trouvent au sein du Mouvement de Libération Nationale.
Pour une implication des autorités corses dans la gestion de ce problème
Pour l’instant, les institutions corses ne disposent pas des compétences en matière de police et de justice, à l’inverse de celles d’autres régions d’Europe comme la Catalogne. Corsica Libera, en tant que formation indépendantiste, est la seule à être favorable à un transfert de compétence à cet égard.
Toutefois, dès à présent, les autorités de la Corse peuvent s’impliquer dans la gestion de ce problème à travers la création d’un « Observatoire des religions » qui serait placé sous la responsabilité du Conseil exécutif et de l’Assemblée de Corse. Un tel organisme serait en contact permanent avec les responsables des différentes religions, en même temps qu’il participerait au dialogue avec les différentes confessions, il centraliserait les renseignements collectés sur les dérives constatées. Ces éléments permettraient aux élus de la CTC de demander des comptes à l’Administration française sur la lutte devant être menée de façon implacable contre les démarches de radicalisation.
En outre, cette lutte, si elle était menée avec énergie, permettrait de libérer certains musulmans vivant en Corse des pressions exercées par leurs coreligionnaires radicalisés, souvent venus de l’extérieur.
En tout état de cause, il ne nous paraît pas envisageable de voir les institutions politiques insulaires demeurer inertes devant un problème actuellement en cours d’importation en Corse et qui est en train de s’y installer. En ce qui nous concerne, nous sommes persuadés que nos élus doivent rapidement se saisir de la question avec sérénité et détermination.
Leave a Comment