Josepha Giacometti – Piredda : Réunion à Paris/Processus ?
Le Mardi 21 février, à quelques jours de ce qui était annoncé comme une “reprise du dialogue avec Paris“ nous présentions lors d‘une conférence de presse, les questions que je devais porter en ma qualité de représentante de Corsica Libera, en résumé :
- Allait-il s‘agir d’ouvrir, enfin, un véritable processus politique sans tabous ni lignes rouges qui permette de prendre en compte toutes les dimensions du conflit politique qui oppose la Corse et la France depuis plusieurs décennies ?
- Allait-on traiter la « question corse » comme un simple problème d’une entité administrative française ou parlions nous d’un processus de dimension politique incluant la reconnaissance du peuple corse et de l’ensemble de ses droits nationaux ?
À l‘ouverture de la réunion Place Beauvau, Vendredi 24 février, le président de la république française, dans un exercice de communication savamment orchestré, s‘est invité dans les échanges.
Dans un propos introductif qui se voulait plus ouvert sur la forme mais qui sur le fond n‘a pas varié, Emmanuel Macron a de nouveau rappelé les “lignes rouges“, à savoir :
– Le maintien de la Corse dans la République
– Le fait qu‘il ne peut y avoir deux catégories de citoyens.
De plus, il a évoqué l‘évolution statutaire dans le cadre d‘une réforme constitutionnelle globale comme un “horizon possible parmi d‘autres“.
S‘agissant de la première “ligne rouge“ j‘ai rappelé au président de la république française que pour les indépendantistes, dont je suis, l‘autonomie n‘a jamais été une finalité.
Après 50 années de combat, des années de déni de démocratie, après qu‘il eut fallu un drame et des mobilisations pour que s‘entame un cycle de discussion, cette étape ne pouvait aboutir à une simple décentralisation améliorée.
S‘il s‘agit d‘un processus “à vocation historique“, comme d‘aucuns l‘ont trop tôt qualifié, il ne peut exclure la reconnaissance de notre peuple ou bien la considérer comme un artifice symbolique mais sans traduction juridique.
Enfin sur le plan institutionnel, j‘ai indiqué que l‘autonomie, c‘est a minima le pouvoir législatif, le pouvoir de voter la loi dans les domaines de compétences transférées aux institutions corses : éducation, langue, foncier, logement, emploi, santé, développement économique, aménagement du territoire, fiscalité….
J‘ai enfin précisé que, s‘il devait en être autrement, ce “processus“ serait un jeu de dupes auquel je refuserai d‘apporter ma caution et à travers moi, celle de mon parti.
Nous nous mentirions et nous mentirions aux Corses.
À l‘occasion des échanges de l‘après-midi, consacrés au foncier et à l‘urbanisme, j‘ai de nouveau évoqué spécifiquement la question du statut de résident. La réponse du ministre de l‘intérieur s‘est voulue fidèle au désormais bien connu “en même temps“.
En définitive “on peut parler de tout, sans tabous“, mais on ne négocie rien sur l‘ensemble des revendications fondamentales pour la Corse et son peuple.
Les questions ont au moins eu le mérite d‘être posées, les réponses apportées ne sont pas satisfaisantes, loin s‘en faut !
Au sortir de cette rencontre, je n‘ai donc pas partagé l‘enthousiasme général publiquement exprimé.
Il ne s‘agit pas de jouer les oiseaux mauvais augure, ni de refuser le dialogue, mais bien au contraire de vouloir l‘engager avec clarté sur tous les sujets, en définissant les bases d‘une négociation qui soit à la hauteur des enjeux.
L‘actuelle majorité qui méne les discussions ne peut se situer en deçà de ce que sous d‘autres mandatures, non nationalistes, nous avions validé.
Enfin et surtout, nous ne pouvons être en deçà des revendications communes au mouvement national, validées massivement par les corses depuis 2015 lors des différentes échéances électorales.
C‘est pourquoi il est plus que jamais indispensable d‘intensifier la mobilisation sur tous les terrains.
Enfin, il faut rapidement engager un rapport de force déterminé par la mise en oeuvre, notamment, d‘un véritable projet opposable.
C‘est le message que je porterai, une fois de plus, à l‘Assemblée de Corse et au delà, avec Corsica Libera, en diffusant et popularisant nos propositions.
La paix si souvent convoquée ces derniers temps, de manière incantatoire, ne peut se décréter unilatéralement, elle doit se bâtir, sans aucun renoncement et nous sommes bien déterminés à y contribuer.
I diritti di u nostru populu in terra soia ùn sò da pattighjà.
Pè contu nostru firmemu determinati a fà li valè è difende li più che mai.
Pè chì l‘avvene sia di pace, u presente ferma d‘impegnu, di lotta è di resistenza.
Josepha Giacometti-Piredda