CUNFERANZA DI STAMPA : 13/01/2021 in Aiacciu
A l’aube de cette nouvelle année, il nous semble nécessaire de dresser le bilan, non seulement de l’année écoulée mais aussi des six dernières années qui ont vu naître l’espoir d’un règlement progressif des revendications du peuple corse.
En juin 2014, le FLNC annonçait son retrait de la lutte armée et appelait à renforcer le bloc politique représenté à l’Assemblée de Corse. Cette initiative historique, saluée par l’ensemble de la classe politique, d’une maturité et d’un courage politique majeur, a été déterminante pour la progression du mouvement national dans la conscience publique et l’accession de ses représentants aux responsabilités institutionnelles. Cette initiative aurait dû aussi permettre d’engager un dialogue serein avec l’État français sur les sujets aussi essentiels pour l’avenir de la Corse que l’évolution des institutions, la coofficialité, la fiscalité, le statut de résident et, bien sûr, la résolution de la question des prisonniers politiques.
Ces sujets ont été validés aux territoriales de 2017 par le peuple corse qui a plébiscité par 56,5 % la démarche portée par la coalition PÈ A CORSICA.
UN ESPOIR BATTU EN BRÈCHE
Malheureusement, nous sommes obligés de dresser un constat amer en ce début d’année 2021. Sur tous les sujets portés par les nationalistes, l’État français a opposé son mutisme méprisant voire son refus autoritaire et hautain.
Le mépris envers les élus du peuple corse avec la fouille humiliante imposée à l’Alboru par Emmanuel Macron se situait dans le droit fil de sa volonté de vengeance exprimée par sa condamnation des principes fondamentaux des droits de la défense au sujet du procès dit « ERIGNAC ». La prime au jacobinisme archaïque de Chevènement et du corps préfectoral donnée ce jour-là a guidé l’attitude du pouvoir parisien tout au long de son exercice. Le choix répressif envers les prisonniers politiques corses, jusqu’au lamentable déni de ses propres lois et règles avec la mise au rancart du Garde des Sceaux concernant les cas d’ALESSANDRI et FERRANDI, sont l’illustration d’une fermeture aveugle et, pour tout dire, incompréhensible à nos yeux, sauf … sauf à croire que Monsieur Macron et consorts se satisfont plus du conflit armé que de l’expression démocratique !
Tout au long des multiples visites à but gastronomique et touristique des différents ministres, nous avons pu juger que sur les sujets évoqués plus haut, les réponses étaient au mieux muettes ou, au pire, méprisantes dans leur refus catégorique d’avancer sur les dossiers défendus par l’Assemblée de Corse.
Qu’il s’agisse des dossiers culturels, économiques, sociaux, institutionnels, ou de la question des prisonniers, l’État refuse de prendre en compte l’expression démocratique de la Corse et continue à jouer le jeu dangereux de l’absolutisme du « libéralisme autoritaire ».
LE RETOUR DES GALONNÉS
Face aux propositions et choix politiques démocratiquement défendus, nous observons le retour de la politique des Gouverneurs. Les casquettes galonnées de la préfectorale, fidèles porte-paroles du gouvernement, ont en charge de réduire au silence l’exaspération qui monte au sein de toutes les composantes de notre société. Elus, militants syndicalistes, socioprofessionnels, représentants du monde agricole, acteurs culturels, personnels de la Santé, militants politiques ou simples citoyens, se voient opposer la parole souvent provocatrice d’un préfet, surtout actif à maintenir l’immobilisme, et qui espère ainsi favoriser les franges les plus rétrogrades soumises à l’ultra libéralisme autoritaire de son maître élyséen. N’en doutons pas, la Corse est, à leurs yeux, l’un des produits de la finance triomphante : un territoire dévolu à la spéculation financière et touristique où la peuplade indigène (réduite à son stricte minimum) n’est qu’un des éléments folkloriques de la consommation de masse.
La politique du bâton s’est ainsi coiffée de la casquette de Préfet afin de parer la volonté répressive d’un semblant de légalité.
La seule légalité qui vaille à nos yeux est celle qu’a exprimée la Corse lors du vote de décembre 2017 !
La seule légalité est celle des droits d’un peuple à vivre dignement sur sa terre! La seule légalité est celle des Corses à créer leur propre Histoire !
La décision du FLNC en juin 2014, suivie des votes du peuple corse en 2015 et 2017 sont les seuls marqueurs de la légalité que nous reconnaissons. Le temps des gouverneurs est enterré depuis longtemps; aujourd’hui est venu le temps de la maîtrise de notre avenir et de l’accomplissement de notre destin national.
UNE RESPONSABILITÉ PARTAGÉE
L’action négative de l’État français était, somme toute en grande partie prévisible, et nous n’aurons de cesse de la combattre. Notre peuple peut en être assuré.
Nous devons bien évidemment lui dire que, comme jamais, cet État entend le réduire, voire le détruire. Malgré tout, les responsabilités sont partagées.
Nous ne pouvons que nous inquiéter du retard énorme pris sur le calendrier d’une autonomie de droit pleine et entière pourtant promise. Est-ce la faute de l’État français ? Bien évidemment. Mais, entre autres exemples, la possibilité d’un recul historique sur la revendication vieille de 30 ans de l’article 74, pour satisfaire la recherche d’un consensus mou autour d’un ridicule article mineur, a pollué gravement le débat et constitue un aveu de faillite. Qu’en aurait-il été sans la vigilance de Corsica Libera ?
La Collectivité de Corse a malheureusement globalement failli au regard des engagements pris devant le peuple.
Sur le sujet des prisonniers politiques, certes l’État est largement responsable, mais là aussi, l’Assemblée s’est trop souvent tenue à émettre des vœux pieux lors des sempiternelles visites ministérielles.
Souvent Corsica libera, à travers ses élus, a mis en garde contre la recherche illusoire d’un consensus avec les partis français.
Depuis plus de deux ans, de façon constante, nous avons insisté sur le fait que la mise en œuvre d’une simple stratégie gestionnaire et l’attente illusoire de l’ouverture d’un dialogue avec Paris, nous conduisent dans l’impasse.
Cette acceptation systématique d’un parlementarisme muselé a fait que les partis politiques ont été souvent écartés de toutes les discussions sur la stratégie à mettre en place, qui doit être tout autre qu’une simple gestion policée des affaires.
Face à ce constat, les forces se réclamant de la nation doivent impulser ce changement radical de stratégie.
Les rencontres ministérielles à répétition, tout sourires, sans qu’aucune avancée réelle n’en ressorte ont été légion, et une fois de plus, nous n’avons jamais, en tant que parti politique, été associés à ce qui aurait dû être à la base d’un rapport de force cohérent face aux blocages de l’État.
À l’heure du bilan qui s’annonce, dans les faits, la majorité nationaliste, sur laquelle beaucoup avaient fondé des espoirs, n’a pas su s’imposer face à un État qui s’attache à avoir une opposition élue docile, voire conciliante.
Nous n’ignorons pas la discordance entre cette majorité et les espoirs mis en elle par toutes les forces vives de notre pays, en particulier celle qui a dû mener la lutte dans la clandestinité.
La stratégie que nous préconisons depuis toujours, et qui aurait dû être, à nos yeux, celle de Pè a Corsica, n’a pas été mise en place du fait de certaines réticences et de blocages au sein d’une majorité où notre courant n’a pas été suffisamment entendu.
Nous rappelons qu’au moins à deux reprises déjà, notre parti avait, par conférence de presse, tenu à faire part de ses interrogations.
Nous appelons à un ressaisissement général, sans quoi les décennies de luttes passées et les sacrifices qui les accompagnent auront été vains. L’heure des discours sans lendemain à l’Assemblée est terminée, le temps de la mobilisation active est arrivé.
LE TEMPS DE LA MOBILISATION.
Dans ce temps paradoxal où les Corses ont choisi leur destin et où l’État français veut maintenir ses choix, nous devons imposer notre volonté et donner à la lutte démocratique toute sa force et son ampleur.
Preuve est faite que la seule lutte institutionnelle touche à ses limites. Il faut désormais que le peuple soit le plus directement possible associé aux luttes et aux idées fortes auxquelles il a adhéré en 2017.
CORSICA LIBERA, par ses élus dans les différentes représentations institutionnelles et syndicales, par ses militants associatifs et politiques, s’engage à porter à nouveau les luttes sur le terrain de la mobilisation populaire. Qu’il s’agisse de la lutte contre le COVID, des choix de développement de notre pays, des luttes sociales et culturelles ou de la question des prisonniers politiques, nous mettrons en œuvre tous les moyens pour réunir les forces nationalistes et plus largement les forces de progrès qui se battent pour un avenir meilleur, un avenir de justice sociale et d’épanouissement pour la Corse et son peuple.
Face à la situation actuelle, à la volonté permanente de dilution démographique, sociale et culturelle de notre peuple par les autorités françaises, ainsi qu’aux enjeux du moment, notre démarche doit se traduire par des actions cohérentes qui garantiront que le cap de la libération et de la construction nationale soit maintenu, et que les problèmes concrets auxquels les Corses sont confrontés quotidiennement, soient enfin résolus.
Dans cet esprit, nous appelons à la mobilisation la plus large pour soutenir, par toutes les formes, aujourd’hui Pierre ALESSANDRI et Alain FERRANDI, et dans l’avenir tous les autres patriotes. Ce sujet, par la volonté marquée de l’État français de soumettre le droit au pouvoir politique, est emblématique de la lutte des Corses face au centralisme autoritaire du Président français et à sa volonté répressive envers l’ensemble des prisonniers politiques et, plus largement, envers le peuple corse.
OGHJE PIÙ CHÈ MAI, DUVEMU RIPIGLIÀ A STRADA DI A LOTTA POPULARE È ADDUNISCE I CORSI PER DIFENDE I SO DIRITTI È IMPONE A LIBERAZIONE DI TUTTI I PATRIOTTI INCARCERATI !