Cunfarenza di stampa in Aiacciu (29.03.2023)
Ces derniers jours, l’expression de la clandestinité, sous des formes diverses, a occupé le débat politique et suscité naturellement de nombreuses réactions.
Comme notre courant politique l’a toujours fait, Corsica Libera entend contribuer à ce débat de manière sereine et constructive.
Une organisation politique, le FLNC, a rendu public un communiqué de nature politique et assumé la paternité de certaines actions.
D’autres actes ont été constatés, par ailleurs, dont on ne connaît, pour l’heure, ni les auteurs ni les motivations.
En pareilles circonstances, nous n’avons pas pour principe, ni pour habitude, de commenter des faits d’actualité au cas par cas. Nous considérons, pour notre part, que le rôle d’un parti politique responsable consiste à appréhender la situation de façon globale et de tracer des perspectives d’avenir pour la Corse et son peuple par la définition d’un projet politique.
Lors de sa dernière assemblée générale, Corsica Libera a réitéré le principe d’une solidarité politique avec le FLNC, c’est-à-dire avec des Corses qui ont choisi un autre chemin de lutte que le nôtre mais avec lesquels nous partageons une certaine idée de la Corse. Cette solidarité a été totale alors que le FLNC prenait, à partir de 2014, une initiative historique pour la construction d’une paix réelle en Corse et d’une solution politique en s’engageant dans un processus de démilitarisation progressive.
Cette solidarité s’applique aujourd’hui dans une situation où le conflit politique que connaît la Corse depuis plusieurs décennies n’a trouvé aucune issue et s’exprime, de nouveau, de manière active.
La situation d’impasse que connaît notre pays aujourd’hui ne peut satisfaire aucun Corse
et certainement pas notre courant politique qui, depuis plus de quarante ans a payé le prix fort de la répression et des drames. Nous sommes malheureusement contraints de constater, avec amertume, qu’elle n’est que la conséquence logique de choix politiques opérés à Paris mais aussi en Corse.
À Paris d’abord, où l’Etat français a choisi et assumé la stratégie du chaos alors que tousles voyants étaient au vert pour s’engager dan une solution politique historique suite à l’initiative de paix du FLNC et à l’expression claire de la démocratie corse qui avait permis l’accession au pouvoir d’une majorité nationaliste.
En Corse, ensuite, où la stratégie de l’actuelle majorité territoriale n’offre aucune perspective politique alors que celle-ci est entrée consciemment dans une démarche de connivence avec Paris en prenant la responsabilité de rompre une démarche d’unité nationale et en avalisant, par la suite, les différentes « lignes rouges » imposées par l’Etat français dans le cadre d’une parodie de processus dont la Corse et son peuple sont de facto exclus.
Désormais, tous les signaux sont ferments d’une légitime révolte : la négation des droits d’un peuple à décider de son avenir, les dérives d’une spéculation immobilière et de l’argent roi qui frappent notre terre où tout est désormais à vendre et à acheter, l’accélération d’une colonisation de peuplement à laquelle aucun peuple d’Europe n’est confronté dans ces proportions, l’extinction programmée d’une langue venue du fond des âges, la constitution d’une société corse à deux vitesses où quelques grandes fortunes côtoient un peuple confronté à une précarité croissante.
Face à un tel constat, les communiqués de condamnation mécaniques et autres résolutions solennelles ne règleront rien au fond. Pour notre part, nous considérons qu’on ne règle un conflit politique comme celui que connaît la Corse qu’en traitant les causes profondes de celui-ci.
En ce sens, les élus corses, et notamment ceux qui se revendiquent de la lutte nationale, doivent signifier clairement au gouvernement français qu’il ne saurait y avoir de « processus historique » sans la prise en compte de l’existence d’un peuple et de son refus obstiné de disparaître. Cette condition est la garantie d’une avancée politique et d’une paix véritable.
Dans les semaines qui viennent, l’Assemblée de Corse pourrait être appelée à formaliser – enfin – sa position dans le cadre des discussions ayant lieu à Paris, Place Beauvau. Dans cette perspective, nous ne sommes pas demandeurs d’un consensus de façade sur des bases minimalistes. De notre côté, nous avons dit publiquement et clairement quel était le niveau d’exigence qui nous semblait répondre aux enjeux en versant au débat un projet de résolution en 10 points. Cette position, nous continuerons à la défendre devant les Corses et face à Paris.
Si le constat dressé peut apparaître sombre, il existe néanmoins des motifs d’espoir pour l’avenir. La conscience nationale et le sentiment de résistance sont toujours bien vivaces au sein de notre peuple. La jeunesse corse, quant à elle, a démontré ces derniers jours sa maturité politique et sa volonté de ne pas se laisser berner par des effets d’annonce sans lendemains. Nous saluons sa démarche unitaire, sa lucidité et son esprit de liberté.
Pour notre part, la lutte pour la libération se poursuit avec détermination jusqu’aux victoires politiques réelles : celles qui garantiront l’existence d’un peuple millénaire sur sa terre. Elles seront les victoires de tous ceux qui n’auront rien cédé devant l’adversité.