Cunfarenza di stampa : A lotta per a liberazione suciale una priurita
Depuis maintenant un peu plus d’un mois, il n’est pas rare de croiser sur nos ronds-points de villes et de villages (véritables monuments du patrimoine corse en cette période de Noël) des manifestants bien identifiés comme étant des gilets jaunes.
Ils sont de fait devenus au fil des jours, les symboles d’une révolte populaire née en France, et ayant trouvé écho dans notre société insulaire où la fracture sociale est bien ancienne – rappelons nous les grèves de 1989 – et aujourd’hui plus que jamais profonde.
Comment ne pas comprendre leur combat alors qu’il est, dans l’essentiel de ses préoccupations, l’essence même de notre engagement.
Si leurs revendications sont pour la plupart légitimes (augmentation du pouvoir d’achat, justice sociale, meilleure répartition des richesses, soif de démocratie, amélioration des services publics…), il ne faut pas oublier qu’elles sont, pour la plupart et depuis des décanines, à la base du programme social du mouvement national et particulièrement du courant que nous représentons depuis plus de 40 ans.
Pour avoir une idée rapide de l’état des lieux, il suffit de se rappeler la mission d’information et d’action sur la précarité et l’exclusion sociale en Corse, menée par l’Assemblée de Corse, dès 2015 dans le cadre des travaux sur le PADDUC, laquelle établit un panorama alarmant de la situation économique de la Corse.
En effet, ce rapport démontre la triste réalité de notre société par trop malmenée par un état à vocation coloniale, à savoir que plus de près de 20% des Corses vivent sous le seuil de pauvreté, c’est-à-dire que 60000 Corses vivent avec moins de 960 € par mois, et que parmi ceux-ci, la moitié perçoit moins de 760 €.
Comment peuvent-ils alors espérer vivre dignement alors qu’en Corse le coût de la vie ne cesse d’augmenter et que des mécanismes nouveaux créateurs d’une nouvelle caste de riches se mettent en place à leur insu, voire sur le prix de leur labeur devenu matière trébuchante et sonnante.
Le prix de l’essence qui ne cesse d’augmenter, des loyers en constante hausse et des logements de plus en plus conservés à des fins touristico- économiques sans oublier le secteur de l’alimentaire qui se développe de manière effrénée, engrangeant des bénéfices colossaux sans pour autant baisser les prix, tels sont, aujourd’hui, les vraies réalités de la Corse.
Des réalités sur lesquelles le pouvoir politique né des urnes et de l’expression démocratique a peu de prises.
Ces données, pourtant connues de tous, ne peuvent que présager un avenir sombre pour les foyers corses et notamment pour les plus précaires.
La part belle qui semble avoir été faite au triptyque tourisme, construction et implantation de casernes ou autres bases militaires est supposée générer de la richesse selon le discours opposé par l’État et ses valets locaux aux propositions du mouvement national pour changer de modèle économique. Or, force est de constater que les zones ou l’intensité de précarité et de pauvreté sont le plus élevées sont justement celles dépendant du tourisme, celles ou les constructions (en particulier de résidences secondaires) sont les plus nombreuses et celles ou sont implantées des bases militaires. En effet, L’extrême sud et la Balagna, zones touristiques et envahies de résidence secondaires, arrivent en tête de l’analyse factorielle à 10 indicateurs de pauvreté et de précarité de la mission de l’Assemblée de Corse ; Porti Vechju et Calvi enregistrant les niveaux les plus élevés de précarité. Le Fium’orbu n’est pas en reste, alors même qu’est implantée dans la région une base militaire de l’Otan censée selon ses plus ardents défenseurs être un moteur économique pour la région. Le même argument est utilisé pour défendre l’implantation des Parachutistes à Calvi, pour les résultats que l’on connait: les seuls taux qu’ils ont fait grimper sont ceux d’alcoolémie des militaires et des quantités de drogue circulant dans la région.
Cette précarité élevée, couplée à une politique visant à faire disparaître toute trace de culture ou de valeurs au sein de notre peuple ont engendré une délinquance qui fait la une des journaux depuis de trop nombreuses semaines. Trafics de drogue, vols, violences à l’encontre de personnes âgées, pas une semaine ne passe sans que des faits de ce genre – pourtant rares jusqu’ici en Corse – ne se produisent. La misère et la perte de repères créent chez une partie de notre jeunesse un malaise; faute de perspective d’avenir et de réussite par le travail, beaucoup d’entre eux cherchent l’argent facile, condamnant ainsi à long terme notre peuple à subir les effets pervers du modèle social français.
Cette situation n’est pas du fait des nationalistes; en effet, au pouvoir depuis 2015, et bénéficiant d’une marge de manœuvre plus que limitée sur le sujet, ils ne pourraient être tenus pour responsables de cet état de fait.
Responsabilité de l’État
L’État français par sa politique économique désastreuse menée en Corse depuis les années 70 – sur la base du scénario b du rapport de l’Hudson Institute à savoir celui nommé « INVASION DES TOURISTES » dans lequel est prédit une « érosion de l‘identité culturelle Corse » et un risque d’embrasement de la situation – est le seul responsable de la crise que traverse notre pays. Ce document se termine par deux options parmi lesquelles l’État semble avoir choisi la première, à savoir :
« accélérer la disparition de l’identité culturelle corse, en encourageant par exemple, une nouvelle immigration massive en provenance de la métropole. La période de transition serait ainsi plus brève et la Corse atteindrait rapidement un niveau élevé de peuplement, environ 500.000 en majorité non corse.”
Cette politique, aucun des gouvernements qui se sera succédé depuis n’en aura dévié, et c’est ainsi qu’aujourd’hui, 4000 non corses débarquent chaque année sur notre île; occupant souvent des postes clés et privant les Corses de travail, quand ils ne s’installent pas à l’année, ils construisent de somptueuses villas qu’ils louent souvent pour rentrer dans leurs frais, engendrant de fait :
-Augmentation des prix des loyers.
-Augmentation des prix de l’immobilier.
-Concurrence déloyale au secteur de l’hôtellerie.
Cette invasion programmée de Français fortunés ou opportunistes, s’intégrant pour la plupart assez peu au sein de notre population contrairement à d’autres communautés, favorise la marginalisation des Corses sur leur propre terre, qui ne parviennent plus à trouver leur place sur le marché de l’emploi, ni même à se loger.[Saut de retour à la ligne]Si les recommandations de ce rapport ont été suivies par le gouvernement en 1975, la politique menée en corse depuis s’inscrit toujours dans ce cadre et une partie du constat est également toujours d’actualité, preuve en est cette remarque sur le coût de la vie en Corse : « Dans leur ensemble – nourriture, chambres d’hôtels, consommation, habillement – les prix sont très élevés, comparés à ceux des autres régions de France, notamment méditerranéennes. » Notre action en faveur du social est ancrée profondément dans notre ADN nationaliste; nous ne sommes pas des tenants de l’incantatoire. Et c’est cette raison qui a permis au peuple de reconnaître le mouvement national comme son premier défenseur naturel.
Bien avant notre accession aux responsabilités, nous avons œuvré contre la précarité…
• Lorsque nous avons milité pour la réouverture de l’Università di Corsica, afin de permettre aux jeunes Corses de ne plus avoir à s’expatrier pour étudier, limitant ainsi les coûts liés au cursus universitaire et permettant de rapatrier en Corse de nombreux talents et de redynamiser l’intérieur en implantant celle-ci à Corti.
• Lorsque nous avons en 1984 impulsé la création du STC afin de permettre aux travailleurs Corses de défendre leurs intérêts dans une société où les injustices sociales étaient légions. Le STC deviendra un contre-pouvoir permettant au mouvement national de ne jamais s’éloigner des préoccupations des travailleurs et de leurs intérêts. Cette démarche s’est doublée de la création d’autres instruments de lutte comme autant de contre pouvoirs.
Il faut aussi rappeler que nous avions investi le terrain économique par la création de très nombreuses coopératives et autres scop.
• Lorsque nous avons dans les années 90 tenté de développer le secteur de la sécurité, permettant d’offrir des emplois à de nombreux Corses issus de quartiers dits populaires et confrontés trop souvent à la précarité et au racisme de classe. Cette tentative a vite entrainé une riposte de l’État qui – ne souhaitant pas voir disparaître une classe sociale maintenue dans la misère pour servir de réservoir de voix aux clans – a tenté de criminaliser le mouvement national pour au final mettre délibérément ce secteur économique aussi dans les mains d’intérêts mafieux.
• Lorsque nous avons lutté contre la construction effrénée de résidences secondaires, véritable fléau économique et environnemental entrainant la destruction de notre patrimoine naturel et provoquant une telle flambées des prix de l’immobilier qu’il est aujourd’hui impossible pour des Corses de devenir propriétaires et de se loger dignement sur leur propre terre.
Ces quelques exemples prouvent s’il le fallait la continuité du combat social mené par notre mouvement. Les gouvernements se sont succédé, les années de prison se sont multipliées pour ceux qui tentaient de s’opposer aux différentes politiques mortifères mises en place, et pourtant, nous sommes toujours là, animés par un espoir grandissant chaque jour, celui de changer profondément la Corse, de créer les conditions d’un développement juste, de construire une société dans laquelle personne ne sera laissé sur le bord du chemin.
Perspectives d’avenir
Les compétences et les ressources actuelles de la Collectivité de Corse ne nous permettent pas de changer radicalement les choses comme nous le voudrions, mais seulement de les gérer, de parer au plus pressé, aux urgences, et de poser les jalons, les principes et les valeurs de nos orientations politiques fondamentales.
Le temps de l’Etat-nation, Etat-providence est derrière nous. Même les plus grands Etats subissent les crises ou bien bénéficient de mouvements positifs liés aux évolutions de la mondialisation. La lutte contre les inégalités et la lutte contre le réchauffement climatique ne pourront réussir qu’avec la mise en œuvre de politiques environnementales et sociales articulées au niveau local et au niveau mondial. Si certains Etats ne parviennent plus à réduire les inégalités en raison de leurs choix et de leur dimension, nous pensons au contraire que les petits Etats sont plus à même de mettre en place des dispositifs de protection, de régulation et de justice.
Ainsi, la justice sociale, l’égalité des chances et la recherche de la cohésion du peuple corse sont au cœur de toutes les politiques mises en œuvre par nos élus Pè a Corsica.
Brièvement, il en est ainsi dans le domaine des transports avec :
– La carta ritirata.
– La réduction des tarifs dans l’aérien dès 2020.
– Contrairement à ce qui a été avancé par les Jeunes républicains, l’Assemblée de Corse n’a procédé à aucune augmentation du taux de la TICPE. Depuis 2013, elle a renoncé au mécanisme de modulation. En revanche, la hausse de la fréquentation touristique et la croissance de la population expliquent une hausse du produit de la taxe à hauteur de 3 500 000 € qui ont été inscrits au budget de la CdC. Il est donc faux de dire que les Corses ont payé 20€ de plus par an et par véhicule. Ceci étant précisé, nous apportons notre soutien à Livia Graziani Sanciu, victime de mots déplacés sur les réseaux sociaux.
Dans le domaine de l’emploi,
– Avec la Charte pour l’emploi local, qu’il faut encore soutenir et élargir afin de favoriser l’emploi des Corses
– Par notre travail en faveur de l’intégration de la Corse au dispositif Territoire Zéro Chômeurs de Longue Durée
– Avec la mise en place de bourses pour le retour à l’emploi
Dans l’agriculture, avec la mise en place du fonds foncier afin de permettre l’installation de jeunes Corses et de lutter contre la spéculation foncière et immobilière.
Dans les institutions, en ouvrant l’action publique aux jeunes avec la création de l’Assemblea di a Giuventù.
Dans les territoires, avec par exemple le développement de la fibre.
Dans le domaine de la précarité, avec le plan de lutte contre la précarité ou la création du fonds social de solidarité adopté en décembre dernier par l’Assemblée de Corse.
Dans le domaine de la culture, nous avons élargi le pass’cultura aux collégiens et abaissé les tarifs du conservatoire.
La justice sociale : l’exemple du logement
Cette liste n’est pas exhaustive et nous savons que la justice sociale passera aussi par des mesures radicales en matière de travail, de santé, d’éducation et de logement notamment. En l’occurrence, les effets de la mondialisation conjugués au refus de l’Etat de nous transférer la politique du logement conduisent à des logiques de ghettoïsation et d’exclusion des Corses de leur propre terre. La réappropriation d’une parcelle de Cavaddu ne suffit pas. La construction de logements dont la revente est encadrée par des conditions très restrictives et pour lesquels étrangement, seuls les Corses sont preneurs, ne suffit pas non plus. Nous devons faire plus encore.
Le vieillissement de la population, les dynamiques démographiques et la structure de l’économie font que lorsque l’on construit une villa, un appartement ou un lotissement, ce sont paradoxalement souvent les Corses que l’on éloigne un peu plus du logement car ils se retrouvent concurrencés par plus fortunés qu’eux. Or toute action publique ou privée en matière de logement doit être encadrée de telle façon qu’elle serve d’abord les intérêts collectifs des Corses les plus précaires de façon à ne pas accroitre les inégalités et les différences de niveau de vie. C’est un principe de base de la justice sociale des démocraties libérales. C’est à cette seule condition de justice sociale, que l’on pourra éviter la fragmentation sociale et territoriale galopante. C’est à cette seule condition de paix sociale, que les conflits pourront être évités entre les spéculateurs, petits ou gros, qui n’ont pas leur place sur notre île, et les Corses, pour lesquels l’occupation de leur terre par des résidences secondaires ou meublées gérées depuis des capitales européennes s’apparente à une confiscation illégitime, du vol et du recel. La Corse, l’île de beauté, que tant de sacrifices ont permis de préserver se retourne aujourd’hui contre ses enfants, ceux-là même pour lesquels nous nous battons depuis toujours, car l’héliotropisme et l’image de l’île sont si attractifs pour des millions d’européens qu’en l’absence de moyen de régulation de l’offre immobilière, la régulation s’opère par les seules forces de l’argent qui chasse les Corses au profit de ceux qui viennent investir en Corse et récupérer une rente.
Ce que la lutte armée a permis de dénoncer, de stopper parfois, ou de réduire souvent, ne sera pas abandonné ou bradé par nos combats actuels et par nos institutions.
Nous en faisons le serment.
U populu corsu deve pudè campà degnamente in terra soia.
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