Cunfarenza di stampa : 09/07/2016
Ce lundi 04 juillet 2016, le premier Ministre français est venu en Corse accompagné de plusieurs membres de son gouvernement.
Corsica Libera a travaillé depuis le début de la mandature pour que la Collectivité Unique soit instaurée au 1er janvier 2018, ce qui est enfin acquis définitivement.
Depuis plus de 40 ans, les nationalistes corses se battent pour que les Conseils Généraux, devenus Conseils Départementaux aujourd’hui, disparaissent parce qu’ils sont une des émanations principales d’un clientélisme mortifère qui gangrène la Corse depuis trop longtemps.
Ce combat-là est enfin gagné. À partir du 1er janvier 2018, notre pays n’aura plus de Conseils Généraux.
Dans un souci d’équilibre et de représentativité de tous les territoires de Corse, nos élus n’ont eu de cesse de défendre l’installation d’une « Chambre des Territoires », prévue dans notre projet politique « Corsica 21 ». Ce que refusait catégoriquement le gouvernement français depuis le début des travaux sur la Collectivité Unique sous l’ancienne mandature.
Cette « Chambre des Territoires » sera créée et installée à Bastia, assurant un équilibre cohérent entre les deux grandes villes de Corse.
Elle permettra également une représentation de tous les territoires qui pourront ainsi participer aux travaux de l’Assemblée de Corse.
Il reste beaucoup de travail à accomplir autour de la Collectivité Unique, notamment avec les agents des trois Collectivités actuelles, l’ensemble des territoires et des élus de la Corse, afin d’aboutir en fait à une Collectivité unie autour d’un projet national de développement.
Cependant, qui aurait cru, il y a 6 mois, que nous obtiendrions satisfaction sur ces deux points lorsque la majorité précédente, du même bord politique que le gouvernement, n’y était pas arrivée, en tenant compte, de surcroît, de tout le tapage médiatique et mensonger organisé par les Conseils Départementaux autour de la Collectivité Unique ?
Concernant les droits de succession, Corsica Libera avait prévenu que le passage dans le droit commun suite à la fin des Arrêtés Miots était inenvisageable.
Après l’échec des tentatives de prorogation entreprises par les parlementaires corses sur cette question de la fiscalité du patrimoine, Jean Guy Talamoni, Président de l’Assemblée, a fait établir dès le début de cette mandature un rapport prévoyant plusieurs scénarios possibles pour que les Corses ne se retrouvent pas dépossédés de leur terre.
Corsica Libera a également participé aux différents groupes de travail mis en place par le premier Ministre français sur cette question, réaffirmant sereinement, mais fermement, que l’entrée dans le droit commun au 1er janvier 2018 n’était pas acceptable, tout en proposant plusieurs pistes possibles permettant de sortir de cette situation.
Grâce à la détermination et au travail de nos élus, l’Etat a admis la nécessité de prolonger le régime dérogatoire. La situation est enfin débloquée. Néanmoins, la vigilance reste de mise sur la durée de la dérogation.
Nous ne nous contenterons pas d’une simple dérogation, qui n’offre aucune réelle garantie pour l’avenir, et nous veillerons à obtenir des solutions pérennes telles que les présentent le rapport élaboré à l’initiative de Jean Guy Talamoni, Président de l’Assemblée de Corse.
Sur un plan plus politique, force est de constater que les annonces ne sont pas à la hauteur de l’importance donnée à cette visite par l’Etat, et à la quantité de ministres et conseillers déplacés.
L’ensemble des questions ne sont pas, pour le moment, traitées de façon positive et acceptable. Même si les discussions ne sont pas terminées, notamment en ce qui concerne la langue Corse.
Un plan de formation sera mis en place en direction des professeurs des écoles dans le primaire et une agrégation de langue Corse a été créée pour le secondaire par exemple, mais ce n’est pas suffisant. Il s’agit d’annonces minimales et alibis, ne répondant pas aux réels enjeux. D’autres mesures, ne nécessitant pas d’évolutions institutionnelles, auraient déjà pu être prises. La langue corse est la langue de cette terre et de ce peuple. Corsica Libera poursuivra son combat pour la coofficialité de la langue Corse, mesure indispensable à sa sauvegarde.
De la même manière, Corsica Libera continuera inlassablement à proposer un véritable statut fiscal et social pour la Corse avec transfert d’une partie des compétences fiscales comme la TVA à la CTC en remplacement des dotations de l’Etat. La prise en compte des réalités sociales, historiques et économiques pour la création des nouvelles intercommunalités, le statut de résident, sont autant de batailles que nous continuerons à livrer pied à pied jusqu’à obtention de résultats concrets.
Jamais nous n’abandonnerons, car notre cause est juste et que nous sommes, collectivement, inaccessibles à toute forme de découragement.
Et ce que l’Etat français refusera d’inscrire dans le marbre de ses lois étrangères, nous le mettrons progressivement en pratique.
Notre réalité s’imposera à ceux qui veulent la nier.
Sur la question essentielle des prisonniers politiques et des recherchés, le représentant du gouvernement français ajoute au déni de réalité, le déni de démocratie.
Comment peut-on continuer à nier l’évidence, même sur la terminologie, lorsque tout le monde sait qu’il y a des corses qui sont aujourd’hui emprisonnés en France pour des actes, et souvent seulement des idées, manifestement politiques ?
Comment peut-on encore aujourd’hui refuser de prendre en compte les demandes démocratiques de 47 élus sur 51 de la CTC, de l’unanimité des élus des Conseils Départementaux et de plus de la moitié des communes de Corse pour que s’ouvre un processus d’amnistie ?
Le gouvernement français, celui-là ou un autre, devra bien se résoudre à prendre en compte les choix que les Corses ont exprimés, au-delà même de notre famille politique, et à respecter le fait démocratique.
L’attitude actuellement affichée est méprisante et inacceptable. Nous ne l’accepterons jamais, car les prisonniers politiques font partie de ce que nous sommes, et que les Corses ont donné mandat à leurs représentants légitimes pour que s’ouvre un processus d’amnistie.
Non seulement l’Etat français ne respecte ni sa parole, ni ses propres lois, mais en plus il insulte nos frères, qu’il détient arbitrairement: oui, ce sont bien des prisonniers politiques. La façon dont ils sont traités en apporte d’ailleurs la preuve indéniable.
Mais ils sont aussi plus que cela. Ce sont des patriotes, et leur sort est indissociablement lié à celui de leur pays.
Leur place est auprès des leurs, pour reconstruire la nation, et nulle part ailleurs.
Quant aux “exceptions” dont nous parle le premier ministre de la France, elles dévoilent, sous le masque de la justice, le visage hideux de la froide vengeance d’un Etat faible, aux abois, qui ne peut plus montrer son autorité que par ce genre de bassesses et de pressions indignes.
La France continuera-elle encore longtemps à se déshonorer en traitant ainsi ce dossier si sensible?
Que le gouvernement français comprenne bien que Corsica Libera remettra inlassablement, systématiquement, invariablement, avec la plus grande détermination, la question des prisonniers politiques Corses sur la table.
La résolution de cette question est centrale. Pour Corsica Libera, il n’y aura pas de solution politique globale et définitive sans la libération de l’ensemble des prisonniers politiques. Paris serait bien inspiré d’en tenir compte.
Les aspects les plus négatifs des rapports actuels entre nos deux pays, appellent, aujourd´hui, plus que jamais, la mobilisation de l’ensemble du peuple corse.
Nous devons renforcer l’action de ceux qui nous représentent face à un Etat encore hermétique à la plupart de nos revendications.
Avec d’autres, nous devons préparer les mobilisations à venir pour sortir la Corse de l’ornière.
Les « Ghjurnate Internaziunale di Corti » des 6 et 7 août prochains, à la citadelle de Corti, seront à cet égard un rendez-vous important dans le cadre du rapport de force politique d’ores et déjà engagé.
Tous les Corses sont aujourd’hui concernés par ces questions lancinantes :
Le non-respect par l’Etat français de la Démocratie en Corse n’est-elle pas la première forme de violence à éradiquer ?
Comment le Peuple Corse peut-il résister à cette violence d’Etat et commencer à organiser la Nation dès aujourd’hui ?
En rejoignant les forces qui se mobilisent à cet effet, et en particulier le courant que nous représentons, les réponses viendront, et nous obtiendrons tous ensemble, les avancées politiques dont nous avons besoin pour faire respecter les choix du peuple corse sur sa terre.