[Cungressu] Motion : Foncier-logement
L’évolution affolante du prix de l’immobilier en Corse, absolument en inadéquation avec les revenus moyens qui y sont observés, participe à une dépossession par les forces de l’argent que nous combattons depuis toujours.
Une étude récente a établi un classement des « communes les plus chères de France » en terme d’immobilier (prix au m²).
Alors que la Corse ne représente que 1,03% de ces communes (360/34968), 13 communes (4,33%) sur les 300 plus chères se trouvent dans notre pays, pour des prix au m² s’étalant de 5 894 euros pour Lecci à 4 837 euros pour Serra di Ferru.
Il s’agit, dans l’ordre, de:
123 Lecci
133 Pietrosella
137 Curbara
153 Coti-Chiavari
158 Albitreccia
162 Zonza
182 Bunifaziu
228 Grossetu-Prugna
241 Cargese
257 Purti Vechju
261 Lumiu
285 Vicu
294 Serra di Ferru
Cette analyse ne tient pas comptes des centres villes, tels que Aiacciu, Bastia, Calvi et Isula Rossa où les prix au m² avoisinent ceux de cette étude.
Ces chiffres rappellent ceux d’une autre étude menée il y a quelques années par l’Agence de l’Urbanisme concernant l’évolution du prix de l’immobilier, qui révélait notamment, entre 2006 et 2017, une hausse de 138 % (la moyenne française était, elle, de 68 %).
La plupart des Corses sont ainsi mécaniquement exclus de toute possibilité d’acquisition, car le prix du foncier au mètre carré est hors de portée pour eux.
Depuis maintenant plus de 10 ans, notre mouvement CORSICA LIBERA a démontré que le statut de résident est une première solution indispensable à mettre en place afin de contrer à la fois l’évolution du prix de l’immobilier dans notre pays et d’éviter une véritable appropriation de notre terre par des intérêts étrangers, ou de leurs prête noms, bénéficiant d’un pouvoir économique exorbitant par rapport à celui de la moyenne des Corses .
Les solutions que nous préconisons (Statut de résident, Statut fiscal et social) sont les seules à pouvoir endiguer de manière efficace cette déferlante qui s’abat sur nous, en attendant de pouvoir véritablement légiférer de manière souveraine dans tous ces domaines vitaux pour notre peuple.
Mais le blocage de l’Etat français, dans ce domaine, est total. Quant à l’Assemblée de Corse, pourtant garante des intérêts matériels et moraux de notre Peuple, elle est actuellement paralysée et incapable d’opposer une ligne de front face à cette agression permanente qui contribue à marginaliser les Corses sur leur propre terre. Non seulement ces derniers sont écrasés par une fiscalité inadaptée, mais les seuls avantages spécifiques accordés dans ce secteur visent toujours à promouvoir les investissements étrangers à des fins spéculatives, ce qui aggrave encore plus la situation.
L’heure n’est donc plus à un constat que chaque Corse est à même de dresser, sans avoir besoin de débats théoriques ou de statistiques assommantes, tout simplement, et cruellement, en regardant ce qui se passe autour de lui, tous les jours. Cette triste réalité n’est pas une fatalité. Mais la résultante d’orientations, de décisions, d’abdications qu’il est vital de contrecarrer.
Nous proposons que, tout en continuant à mettre en avant des revendications cohérentes et essentielles, comme statut de Résident, statut fiscal et social, Citoyenneté corse, nous lancions une campagne permanente pour l’accès au logement, mais aussi à la propriété, contre la dépossession foncière et les logiques spéculatives qui font des Corses des SDF sur leur propre sol.
Des actions régulières sur ces thèmes devront être organisées dans chaque région, en évoquant systématiquement la délibération du 24 avril 2014 de l’Assemblée de Corse, et en insistant sur le caractère illégitime de certaines acquisitions et de certaines transactions.
Le but affiché de cette campagne: faire la démonstration que par l’action de masse et la convergence des forces nationales déployées sur tous les terrains, ce n’est pas l’administration française qui dictera sa loi dans notre pays mais bien le peuple corse.
La constance, la répétition, ainsi que le suivi de chaque dossier seront les gages de notre réussite.
L’esprit de cette démarche globale peut se résumer par cette phrase extraite d’un tract déjà diffusé et qu’il sera sans doute bon de réactualiser:
“Nous prévenons les acheteurs étrangers à la Corse : n’écoutez pas ceux qui vous disent que l’acquisition est sûre en l’état du cadre légal actuel. Nous engagerons dès que nous en aurons la possibilité une démarche d’expropriation de tous les biens immobiliers acquis en Corse depuis le 24 avril 2014 par des personnes physiques ou morales ne remplissant pas les conditions posées par la délibération de l’Assemblée de Corse”.
Cette campagne, si elle est menée méthodiquement et généralisée, en préparant et soignant particulièrement notre communication, peut nous permettre d’atteindre plusieurs objectifs:
- avoir un effet dissuasif réel et appréciable, qui aujourd’hui fait cruellement défaut, convergeant avec le rejet de cette situation maintes fois exprimé par les Corses, et un redéploiement plus large des moyens de lutte.
- Aller au devant de notre peuple, et faire venir les gens à nous, en faisant valoir la cohérence de nos propositions qui ont des prolongements au delà de la seule question foncière car tout est lié et imbriqué (développement, aménagement du territoire, perspectives économiques et sociales). Des actions avec organisation de débat sur place, à l’instar de ce qui avait été fait aux Palazzi en Balagne, semblent intéressantes de ce point de vue.
- Créer une réelle dynamique autour de notre mouvement qui réoccupera alors une position centrale, garantissant la pérennité des objectifs de libération nationale qui ont toujours été les nôtres.
Persa a terra, persu u populu.
A terra corsa à i Corsi.