Suite à la rencontre avec G.Darmanin, Corsica Libera communique
Après l’impasse de plusieurs années de relations avec Paris et à la suite d’une révolte populaire massive qui s’est manifestée aux lendemains de la tentative d’assassinat contre Yvan Colonna, le gouvernement français a dit vouloir ouvrir un « dialogue sans précédent » et a nommé Gerald Darmanin, ministre de l’intérieur, comme interlocuteur.
Dans le seul intérêt de la Corse et de son peuple, nous souhaitons qu’une solution politique réelle puisse aboutir. Dans la constance de son engagement, Corsica Libera appelle à l’ouverture d’un véritable cycle politique s’inscrivant dans le cadre de la résolution d’un conflit débuté il y a près de cinquante ans. Nous sommes prêts à y apporter notre contribution, comme notre courant politique a déjà eu l’occasion de le faire à divers moments de notre histoire récente. Ce fut le cas, par exemple, au moment des Accords de Matignon. Plus récemment, Corsica Libera s’est engagé pleinement afin de créer les conditions d’une nouvelle donne politique : par le soutien à la décision historique prise par le FLNC en juin 2014 ou encore par notre volonté de faire valider par le vote démocratique des Corses les revendications historiques du mouvement national en 2015 et 2017.
Pour l’heure, il serait prématuré, imprudent et pour tout dire inconséquent, de considérer les déclarations de Gérald Darmanin comme l’assurance d’une avancée historique pour la Corse :
❌La question de la libération des prisonniers politiques comme la reconnaissance du peuple corse et de ses droits ne figurent pas dans le périmètre des déclarations publiques du représentant du gouvernement. L’existence d’engagements tangibles sur ces deux points permettrait pourtant de placer le dialogue en cours dans une dimension intrinsèquement politique et pas uniquement dans le cadre de discussions techniques autour d’une réformette institutionnelle.
❌La question de l’ « autonomie » apparaît, à cette heure, comme un effet d’annonce sans contenu déterminé. Le ministre soufflant le chaud et le froid entre un « statut à la polynésienne » et une simple évolution statutaire en dehors de toute réforme constitutionnelle. L’obtention d’un statut d’autonomie, que nous concevons pour notre part comme étape vers l’indépendance nationale, passe a minima par la dévolution du pouvoir législatif. Ce pouvoir législatif doit notamment porter sur le transfert de compétences dans le domaine linguistique (statut de coofficialité), de l’accès au foncier et à l’emploi (citoyenneté corse) et de la fiscalité (statut fiscal et social).
Afin d’apprécier la sincérité de la démarche entreprise par Paris nous attendons de juger sur pièces de sa volonté de s’engager clairement sur ces sujets qui ont fait l’objet depuis des années de votes convergents du peuple corse et de l’Assemblée de Corse.
Les toutes dernières déclarations du Président français n’apportent aucune garantie effective allant dans ce sens, et le sort qui semble être réservé notamment à notre langue, matrice de ce que nous sommes, est tout simplement inacceptable.
➡️Enfin, nous renouvelons notre entière solidarité à l’égard d’Yvan Colonna et de sa famille dans sa recherche de justice et de vérité.
Dans l’attente de signes concrets d’avancées, nous appelons à la poursuite de la mobilisation.