Réponse aux anciens militants (Lettre)
Cari fratelli,
En ma qualité de président de l’Assemblée de Corse et de membre de l’un des deux principaux groupes de cette Assemblée, mais surtout en tant que militant nationaliste depuis 45 ans, je ne crois pas inutile de donner mon sentiment sur votre « appel aux leaders nationalistes élus ». Venant d’être investi par ma formation pour conduire une liste aux prochaines élections territoriales, il m’appartient, comme à d’autres responsables, de réagir à vos propos.
Loin de moi l’idée de chercher à récupérer la lettre ou l’esprit de votre texte, qui relève de votre responsabilité exclusive. Je constate toutefois une identité évidente de points de vue entre votre appel d’une part, et les prises de position publiques de Corsica Libera d’autre part, et ce depuis au moins trois ans.
Exprimant votre déception, vous évoquez principalement deux points :
- Le fait que la majorité se cantonne à la gestion de la Collectivité : « Nous ne vous avions pas élus que pour une meilleure gestion ».
- La désunion de cette majorité se présentant aux élections « en ordre dispersé ».
Sur le premier sujet, le mouvement et les élus de Corsica Libera sont intervenus publiquement et régulièrement depuis trois ans. Je citerai simplement à cet égard un extrait de la conférence de presse de Corsica Libera, publié dans Corse-Matin le 13 septembre 2018 :
« Après une phase de redressement des institutions de la Corse, d’état des lieux et d’annonce d’objectifs politiques, les Corses attendent que notre mandature se traduise de façon plus forte par des réalisations qui déclinent les fondamentaux de notre combat. » Les domaines évoqués lors de cette conférence de presse rejoignent largement ceux que vous mentionnez vous-mêmes parmi les priorités qui devaient être celles d’une mandature nationaliste : « Défense de la terre, de la langue, de l’agriculture, traitement des déchets, dossier maritime avec une compagnie maîtrisée par la puissance publique, développement économique respectueux… » S’agissant de ces différents domaines, ainsi que du rapport à l’administration d’Etat – question que vous abordez également –, force est de constater que nous n’avons pas toujours été entendus.
Sur le second point, celui concernant la dispersion des forces nationalistes à l’occasion des élections territoriales, beaucoup a été dit et écrit ces dernières semaines et nul n’ignore à présent les efforts fournis par Corsica Libera pour maintenir l’unité de « Per a Corsica », ainsi que le respect des accords passés pour dix ans. Efforts demeurés vains, malheureusement.
En conclusion, nous espérons de tout cœur que la raison finira par s’imposer dans les esprits et que les calculs électoraux et politiciens s’effaceront devant l’intérêt supérieur de la Corse. Pour notre part, nous œuvrerons inlassablement en ce sens.
Incù l’amicizia,
Jean-Guy Talamoni